Le Village du Livre

Par Nico • 24 mai, 2009 • Catégorie: La Librairie

Un Village du Livre au Vieux-Pays

de Goussainville ?

Qu’est-ce qu’un Village du Livre ?

C’est l’installation programmée dans un petit village rural de librairies d’ancien et d’occasion ainsi que d’ateliers de métiers liés à la fabrication, à la restauration, à l’illustration de livres.

Les pionniers

Voici plus de trente ans, Richard Booth, un Anglais excentrique et débordant d’imagination, assura la résurrection d’un village moribond, Hay-on-Wye, au Pays de Galles, en y implantant une communauté du livre d’occasion. A la fin des années 70, un bibliophile, venu du fond des bois, Noël Anselot, lui rendit visite. Rapidement, les deux hommes se lient d’amitié.

L’idée d’un deuxième village du livre germe, mais la concrétisation s’avère trop coûteuse et trop complexe. Pour l’heure, Noël Anselot, convertit en librairie sur rendez-vous la fermette dont il est propriétaire à Redu, petit village de 400 habitants au cœur de la forêt belge des Ardennes.

Il en profite pour se remettre à l’écriture. En 1984, Gérard Valet, journaliste curieux, est son invité pour le week-end. Il s’enflamme devant cette « niche aux livres » et propose de s’associer à la relance de l’idée d’un second village du livre. Il suggère de jumeler Redu et Hay-on-Wye et d’organiser à cette occasion une grande fête du livre dont il assurera la couverture médiatique. Le bourgmestre et les habitants s’impliquent. Chacun mobilise son réseau de relations. Monté en moins de six semaines, fruit d’un travail d’équipe, l’événement réunit plus de 15 000 personnes. Encouragés par ce succès prometteur, des libraires, des artisans s’installent progressivement, engendrent de nouveaux projets. Le village du livre devient permanent.

Un mouvement mondial

Depuis, la réussite de Redu a inspiré des initiatives similaires dans différents pays. En 88, les membres de l’association « Savenn Douar » (Tremplin) de Bécherel visitent le site. De retour en Bretagne, ils ouvrent une créperie-librairie, quelque temps plus tard, des confrères commencent à s’installer…un nouveau village du livre est né. D’autres verront le jour en France, à Montolieu près de Carcassonne (où Booth et Ancelot lancent le projet en ouvrant chacun une librairie), en Suisse, aux Pays-Bas, aux USA … et même en Asie du sud-est. Une dizaine sont  à ce jour en fonctionnement, des projets sont en cours.

Face à cette évolution, Anselot et Booth restent prudents et intègres. Ces pionniers ne sont pas favorables à une multiplication inconsidérée des sites. Un vrai village du livre ne doit pas pousser comme un champignon. Ils conseillent donc d’éviter tout mimétisme pour sauvegarder l’originalité et l’authenticité. L’un des principes essentiels est l’éloignement des villages entre eux, chacun devant pouvoir bénéficier d’un potentiel important de clientèle dans un rayon de 600 km.

Vivre et travailler au pays

Sur des territoires touchés par l’exode rural, les villages du livre ont transformé en réalité le slogan « vivre et travailler au pays ». Ils permettent des créations d’emplois liés au livre, à l’art, mais aussi à l’artisanat, à l’hôtellerie… La multiplication et la spécialisation progressive des différentes librairies élargissent le choix pour l’amateur et modulent les phénomènes de concurrence dans une atmosphère conviviale.

Par des animations régulières, les villages du livre créent de nouvelles fêtes, deviennent des lieux de rassemblements culturels. Ils participent au développement économique également en attirant de nombreux visiteurs sur la base d’un tourisme à thème. Bien souvent, ils permettent de réhabiliter une partie du patrimoine. Les syndicats d’initiative voient ainsi leur activité renforcée.

Ils offrent aux bibliophiles la quasi-certitude de trouver la rareté si longtemps traquée, aux novices l’occasion de découvrir des richesses insoupçonnées, à tout un chacun de multiples destinations pour un voyage vers un monde empli d’aventures, d’émotions, de rêves, d’idées et de poésie :celui des livres » (NOTE).

Cet article met en lumière les enjeux économiques et culturels d’un tel projet. La situation du Vieux-Pays de Goussainville réunit toutes les conditions nécessaires à l’accueil d’un tel projet.

A l’initiative de M. Philippe FERRY, bouquiniste à Auvers-sur-Oise, l’idée est lancée de transformer le Vieux-Pays de Goussainville en Village du livre. Le projet est ambitieux, la situation n’est pas simple car personne n’ose se prononcer. M. Philippe VIEILLARD, président de l’Association de Défense et de Sauvegarde du Vieux-Pays, ainsi que beaucoup d’habitants du village s’étonnent qu’on ne pense pas d’abord à des petits commerces. La mairie propose, dans le cadre d’une redynamisation du Vieux-Pays, la gestion des maisons murées par une société d’économie mixte. Les Aéroports de Paris ne prennent pas parti. La solution viendrait plutôt du coté de l’ADEME, qui envisagerait de constituer des îlots au fur et à mesure de l’évolution du projet. Les habitants du Vieux-Pays ont, pour l’instant, la plus grande librairie de livres d’occasion de la région. A quand les suivantes ? On pourrait imaginer des librairies spécialisées, une pour chaque domaine, au prix de l’occasion, des ateliers de reliure, de petites maisons d’édition…

Ce village du livre en région parisienne n’est pas une utopie, alors que beaucoup de points de vente disparaissent. Il existe d’autres projets en France, comme Redu, Bécherel ou Montolieu, les pionniers, mais aussi Fontenoy la Joute, La Charité sur Loire ou Montmorillon. Le succès du Marché aux Livres, Porte de Brançion dans le 15ème arrondissement à Paris et des nombreux autres déballages mensuels dans les grandes villes comme Lyon, Lille ou Marseille, prouve qu’il y a une demande pour ce type d’expérience.

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Nico , libraire à Goussainlivres
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